Le Ghana accepte d'accueillir les migrants expulsés des États-Unis
Le Ghana devient le nouveau point d'accueil des migrants ouest-africains expulsés des États-Unis, dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes et de questionnements sur le respect des droits humains.

Le président ghanéen John Mahama lors de l'annonce de l'accord sur l'accueil des migrants expulsés des États-Unis
Le président ghanéen John Mahama a confirmé ce mercredi 10 septembre que son pays accueillera désormais les ressortissants d'Afrique de l'Ouest expulsés des États-Unis. Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une politique américaine de plus en plus restrictive en matière d'immigration.
Un accord controversé dans un contexte tendu
Quatorze personnes, dont plusieurs Nigérians, ont déjà été transférées vers Accra. Cette mesure est rendue possible grâce à un accord régional permettant la libre circulation des Ouest-africains dans la région. Le timing de cet accord est particulièrement significatif, alors que les relations commerciales entre les États-Unis et le Ghana se détériorent, avec notamment une augmentation des droits de douane sur les produits ghanéens.
Une stratégie américaine d'externalisation critiquée
Cette initiative s'inscrit dans une tendance plus large : depuis mai dernier, cinq nations africaines ont conclu des accords similaires avec Washington. Le Soudan du Sud a été le premier pays à accepter ce type d'arrangement, suivi par l'Eswatini, le Rwanda et l'Ouganda. Ces accords soulèvent des inquiétudes quant au respect des droits humains, dans un contexte où la politique migratoire américaine se durcit considérablement.
Réactions internationales et préoccupations
Le Conseil de l'Europe, par la voix de son commissaire aux droits de l'homme Michael O'Flaherty, a émis de sérieuses réserves. Il met en garde contre les risques de traitements inhumains, d'expulsions collectives et de détentions arbitraires que pourraient entraîner ces politiques d'externalisation.
"Les politiques d'externalisation pourraient soumettre des personnes à la torture ou à d'autres mauvais traitements", a averti O'Flaherty.
Face à ces pressions, le Ghana semble privilégier une diversification de ses partenariats économiques, notamment en direction de la Chine, signalant une possible reconfiguration des alliances régionales.
Lucien Barret
Journaliste suisse indépendant, basé à Lausanne. Spécialisé dans l’investigation politique et les droits humains.